Cimetière : qu'implique la norme zéro phyto ?

Depuis le 1er janvier 2017, la loi Labbé interdit d’utiliser des produits phytosanitaires dans la majorité des espaces publics. L’arrêté du 15 janvier 2021 étend aux cimetières l’application des mesures zéro phyto décrétés alors. Concrètement, cette loi interdit d’utiliser des produits phytosanitaires dans les espaces publics (pesticides, biocides, anti-germinatifs, etc.) Qu’implique-t-elle vraiment pour les gestionnaires de cimetières ? Quelles sont les solutions pour lutter contre les mauvaises herbes ? Abordons ensemble ces questions.

Les implications concrètes de la norme zéro phyto 

L’arrêté du 15 janvier 2021 interdit donc dans les cimetières l’usage des pesticides chimiques jugés trop impactant pour les écosystèmes et nocif pour les humains.

Trois types de pesticides sont donc dorénavant interdits : 

  • les herbicides, contre les « mauvaises herbes » type Roundup (qui contient du glyphosate, jugé cancérigène),
  • les insecticides, pour lutter contre les insectes,
  • les fongicides, pour éviter les champignons.

Seuls les produits de biocontrôle qui utilisent les mécanismes naturels à faible risque ou ceux utilisés dans l’agriculture biologique sont autorisés.

Quelles sont les solutions pour gérer son cimetière ?

Le maintien de l’entretien dans votre cimetière, lieu de recueillement, est essentiel. Comment opérer une transition douce vers une gestion écologique de vos espaces (entrée, mur d’enceinte, allées, inter-tombes, etc.) ? Voici quelques pistes.

Réaménager les espaces verts

Pour limiter les opérations d’entretien et faire évoluer le paysage, prenez le temps d’analyser :

  • les moyens humains, techniques et financiers nécessaires pour passer au zéro phyto ; 
  • les différentes espèces végétales présentes dans votre cimetière ; 
  • l’exposition de ce dernier ;
  • la qualité des sols, etc.

Cela vous permettra de choisir des plantations moins sujettes aux parasites et d’optimiser vos espaces verts. 

Vous pouvez également former des jardiniers ou solliciter des renforts ponctuels pour la mise en place de votre projet. Sachez qu’il existe une formation “CertiPhyto” qui permet aux techniciens du cimetière de prendre conscience des dangers de l’usage des pesticides sur la santé et l’environnement. Une seconde formation “biodiversité” leur apprendra à évoluer vers d’autres alternatives.

Entretenir les allées sans pesticides

Une majorité de cimetières a choisi une ambiance minérale (gravillons, sable) avec très peu de végétaux. Pour limiter l’apparition de mauvaises herbes, plusieurs techniques sont utilisées et peuvent être combinées les unes avec les autres : 

  • Le désherbage manuel avec l’aide d’outils (binette, rotophile ou encore couteau). 
  • Le balayage manuel pour ou mécanique qui est très utilisé comme moyen de lutte préventive (suppression du substrat et des graines).
  • Le désherbage mécanique avec des outils (outils à dents, désherbeur mécanique sur cellule).
  • Le désherbage thermique, qu’il soit à gaz, eau chaude ou vapeur.

Des techniques efficaces, même si souvent chronophages.

Opter pour le gazon

Notre conseil : choisissez du gazon dans vos allées ! La végétalisation des cimetières présente en effet un gain paysager indéniable et un terrain verdoyant crée une ambiance propice au recueillement et à la sérénité. Vous pouvez enherber vos allées, les espaces intertombes ou les concessions avec des semis. Attention cependant à sélectionner un mélange qui ne soit pas trop poussant. 

Si vous craignez pour l’accessibilité de votre cimetière, sachez que vous n’êtes pas obligé d’enherber tous les accès : les allées principales peuvent être pavées ou dallées. Cela dit, un chemin gazonné sera toujours plus praticable aux personnes à mobilité réduite qu’une allée en graviers.

La technique du paillage

Pour éviter de garder un sol nu qui serait vite envahi par des végétaux indésirables, vous pouvez recouvrir le sol de différents types de matériaux : copeaux de bois, minéraux, fibres de bois. Non seulement le paillage maintient l’humide du sol en réduisant l’évaporation mais il protège aussi le sol du vent et des caprices de la météo.

Accepter la végétation spontanée

Mieux connaître la flore spontanée, l’intégrer en conciliant sa présence avec le respect dû aux défunts tout en sensibilisant les familles peut être une autre option. C’est le choix qu’a fait le cimetière de Saint-Bonnet-les-Tours-de-Merle, en Corrèze. La collectivité, la population et les entreprises locales se sont toutes mises d’accord pour réhabiliter le cimetière et en faire un lieu accueillant et végétalisé. 

On parle aussi d’éco-pâturage des espaces verts.

 

Selon une enquête P&C récente, 67 % des sondés imagine le paysage du cimetière évoluer vers une présence plus forte du végétal. D’ailleurs de nombreux cimetières sont labellisés Ecojardin, ce qui leur permet de valoriser le travail de leurs jardiniers, mais aussi de communiquer auprès des familles. Qu’avez-vous décidé pour votre cimetière et la collectivité ? CCE France reste à votre disposition pour vous accompagner sur ces sujets. 

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